Questions à Murray Head, en concert au Château d’Hardelot ce samedi 10 août à 21h00

J’ai participé à un tournage pour une série anglaise à Boulogne-sur-Mer. L’histoire se déroulait à Paris, avec mai 1968 en toile de fond… C’était très intéressant : le regard anglais sur les événements de l’époque est un tout autre regard…

Je connais l’histoire de ce roi que l’on a envoyé en France "apprendre la vie" et qui a tellement aimé ce pays. Il a senti qu’il était nécessaire de souligner cette entente… J’ai eu l’honneur d’être invité au centième anniversaire de l’Entente Cordiale, en 2004, au Palais de l’Élysée, j’ai ainsi été présenté à Jacques Chirac et à la Reine Elisabeth II. C’était très intéressant de voir quels personnages étaient invités. Il y avait notamment Jane Birkin, Kristin Scott Thomas et quelques rugbymen, mais aussi des hommes d’affaires et industriels.

La Reine était très amusante, m’a fait beaucoup rire. Mais lorsque je lui ai été présent, cela s’est passé tellement vite… Je crois bien que je me suis trompé de main, puisque la Reine portait des gants et pas le Duc d'Édimbourg… Or, sur la photo que je garde de cette journée, on nous voit très relaxe… C’est bizarre.

Je ne sais pas s’il est encore nécessaire de souligner cette Entente Cordiale. Quelque part, nous sommes tous des Vikings sédentaires ! Nous descendons tous de ces hommes arrivés en Normandie et de ce Guillaume qui est venu écraser tout ce qui était anglo-saxon ! En fait, je pense que nous avons plus de choses en commun qu’on ne l’imagine, même si chacun de nos pays s’accommode très bien de garder la Manche comme distance.

À mon avis, le véritable début de l’Entente Cordiale, c’est l’arrivée et le succès d’Éric Cantona en Angleterre. Il est le premier à avoir époustouflé les Anglais, d’abord par son jeu et par son caractère. C’est vrai qu’il a beaucoup choqué lorsqu’il a sauté dans la foule des supporters et a donné un coup de pied à l’un d’eux. Mais c’était à un moment où tout le monde en avait marre de ces fous du foot. Ensuite, il a apporté une réponse très zen à son comportement, marquant là en quelques mots son personnage. Ensuite, il y a eu toute une vague de joueurs français qui sont arrivés… Moi qui suis plutôt attaché au rugby, c’est à ce moment-là que je me suis intéressé au football… Ce sont eux qui ont changé le regard des Anglais sur les Français que l’on n’appelle plus les "Froggies"… Le foot a arrangé pas mal de choses…

Là c’est plus compliqué ! Il y a une chanson française tout les 10 ans qui passe la Manche ! Et en France, depuis la mise en place de quotas de chansons anglaises, c’est moins facile.

Les Français ont une attitude ambigüe. D’une part quand on écrit en Français, ils comparent tout de suite à Rimbaud, Verlaine et autres poètes, passant la musique au second plan. À l’inverse, lorsqu’ils écoutent une chanson en Anglais, alors que la plupart des gens reconnaissent ne pas comprendre l’Anglais, ils s’attachent plus à la musique… C’est une culture complexe !

Quelque part, Daft Punk sont les premiers à réintroduire un certain lyrisme, une certaine profondeur, une musicalité. Ils sont plus musicaux que les autres dans la même veine ! Et malgré toute leur technologie, ils parviennent à garder un côté terrien… grâce à l’influence de Nile Rodgers. Ils sont numéro 1 dans 92 pays : ça c’est une réussite ! C’est un formidable porte-drapeau pour la musique française d’aujourd’hui. C’est une incroyable porte ouverte.

Naturellement, on va jouer mes tubes… Mais il n’y en a que deux, cela représente 10 minutes de show… Je vais chanter les reprises qui figurent dans mon dernier album. Ce sont des chansons que j’aime, que beaucoup de Français connaissent. Je fais aussi un petit retour à mes racines musicales en jouant des chansons de blues que je jouais quand j’avais 17 ou 18 ans !